vendredi 17 mai 2013

Finies les expulsions en hiver dans les logements sociaux !


Dès l’hiver prochain, les expulsions seront interdites dans les logements sociaux entre le 1er novembre et le 15 mars. Cette trêve hivernale qui vient d’être votée au Parlement wallon, je suis très fière d’en avoir été la cheville ouvrière. Des personnes, des familles ne se retrouveront donc plus sans logement en plein hiver. C’est l’aboutissement heureux de l’un des mes combats !

Des hommes, des femmes, des familles et des chiffres

Rappelons quelques chiffres : l’hiver dernier, les relais sociaux des 5 grandes villes wallonnes ont comptabilisé plus de 33 000 nuitées dans les structures d’accueil et d’hébergement des personnes sans abri. A Charleroi, ce sont près de 7000 nuitées qui ont été enregistrées pour 94 lits, soit une augmentation de 3% par rapport à l’hiver précédent.
D’autres chiffres concernant, cette fois, les expulsions dans le logement social : entre 2009 et 2011, 2625 expulsions ont été prononcées et 1152 exécutées, ce qui représente près de 400 expulsions exécutées par an. De plus, d’après une enquête menée à Namur en 2010, près de la moitié des expulsions domiciliaires ont eu lieu dans le logement social.

Ces chiffres ne se passent pas de commentaires, ni d’action ! Raison pour laquelle j’ai décidé d’agir.

Action

A mon initiative, cette interdiction d’expulsions hivernales dans le logement social a été votée ce mercredi 15 mai en séance plénière du Parlement wallon. Cette disposition sera inscrite dans le Code wallon du logement et de l’habitat durable.

Cette mesure qui sera d’application dès l’hiver prochain n’accorde absolument pas une impunité quelconque aux locataires sous le coup d’une expulsion. Il s’agit simplement de postposer l’exécution de la décision d’un juge de paix pendant une durée déterminée. Par ailleurs, les locataires concernés devront accepter une guidance auprès du CPAS. Cet accompagnement social devrait permettre à ces personnes de remettre le pied à l’étrier  que ce soit en termes de loyers impayés, de faits de dégradations importantes du logement ou de troubles de voisinage récurrents.

Une avancée majeure et une question de bon sens

Je considère qu’il s’agit d’une avancée majeure, d’une preuve de respect vis-vis de personnes souvent fragilisées. Et en Belgique, rappelons que le risque de pauvreté des locataires est 3 fois plus élevé que celui des propriétaires, ce constat s’aggrave davantage en Wallonie.

C’est une question de bon sens aussi : comment pourrait-on parler de droit au logement, du respect de l’article 23 de notre constitution, et ne pas faire preuve dans nos logements sociaux d’un peu d’humanité en permettant à ces locataires sous le coup d’une expulsion de ne pas se retrouver dehors en hiver, de reprendre pied, de retrouver un début d’équilibre. Comme le dit Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, lorsqu’elle parle d’une trêve hivernale pour les expulsions : « il faut prendre en compte les populations les plus fragiles dans une conception de solidarité collective et de trajets évolutifs".